Satellites : Amazon s’y met aussi
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Satellites : Amazon s’y met aussi

Il y avait SpaceX d’Elon Musk et OneWeb de Richard Branson et Greg Wyler, pour ne citer que les plus connus, il y a maintenant Amazon, qui lui-aussi s’est découvert une ambition de couverture satellitaire planétaire. Certes la Compagnie de Jeff Bezos part avec un peu de retard, mais compte tenu des moyens dont elle dispose, il faut la prendre au sérieux.

La FCC, organisme de régulation américain, chargé d’attribuer les fréquences d’usages aux « carriers » soucieux de proposer des services satellitaires large bande, est très occupée.

Après avoir autorisé SpaceX à placer 4 425 satellites en mode non-géostationnaire (ils changent de position par rapport à la terre) et en orbite basse à 1 200 km, c’est sur la demande d’Amazon qu’il se penche, dont le projet est de lancer 3 236 satellites sur trois orbites distinctes : 784 satellites à 590 km d’altitude, 1 296 satellites à 610 km et 1 156 satellites à 630 km.

Si l’on tient compte du projet OneWeb, qui lui prévoit de s’appuyer sur une constellation de 648 satellites, les premières versions prototypes ayant été lancées en février 2019, on se dit qu’il va y avoir quelques embouteillages au-dessus de nos têtes.

Ce qui serait faux, car si l’on cumule les trois grands opérateurs, Amazon, OneWeb et SpaceX, on aboutit à un satellite pour plus de 61 000 km². Et comme les satellites d’Amazon ne seront pas à la même altitude que ceux de ses futurs concurrents, on se dit qu’il y a encore de la place…

Tous ces projets, et à commencer par celui d’Amazon ont tous le même objectif, fournir des connexions large bande aux habitants des zones défavorisées de la planète, dites blanches. Officiellement pour leur permettre de bénéficier des « bienfaits » d’Internet, la réalité étant sans doute plus pragmatique, à savoir qu’Amazon, comme Facebook, après Microsoft dans le passé avec Teledesic, n’ont qu’un but, celui de donner des moyens aux internautes de se connecter…à leurs propres services. Le reste n’étant que littérature…

95 % de la planète à couvrir

Dans ses documents remis à la FCC, sous le nom de projet Kuiper, Amazon indique envisager de couvrir 95 % de la surface terrestre, en gros entre les latitudes 56 degrés nord et 56 degrés sud, soit la surface qui s’étend entre la Suède et le sud de l’Australie.

Pour l’instant, Amazon n’a pas précisé quels sont les moyens qu’il entend utiliser pour réduire les coûts de fabrication et de logistique, qui vont être énormes et se chiffrer sans doute à plusieurs dizaines de milliards $.

Certains choix ont été faits, celui des orbites très basses, qui ne nécessiteront pas des fusées de grand puissance, option déjà prise par OneWeb et SpaceX à 1 200 km, mais pour le reste, on est encore dans le flou.

Il est probable qu’Amazon s’appuiera sur le savoir-faire de sa propre compagnie Blue Origin, qui depuis 2000 s’est spécialisée dans l’ingénierie spatiale et dans la conception de fusées « low cost ». Cette activité Amazon est peu connue, mais Blue Origin est pourtant déjà très apprécié sur le marché et a été sélectionné en 2015 pour fournir le moteur principal de propulsion BE-4 du futur lanceur lourd Vulcan, qui remplacera les lanceurs Atlas V et Delta 4, à horizon deux ou trois ans. Il a aussi été choisi par OneWeb et Telesat pour lancer un certain nombre de leurs satellites.

Pour ce qui est de la FCC, elle rendra son verdict en novembre 2019 et procèdera à l’affectation des fréquences. On notera d’ailleurs qu’Amazon a déposé la même demande auprès de l’ITU (International Telecommunication Union), ce qui lui assurera une couverture planétaire.

Vers un monopole de fait

Hormis quelques initiatives sporadiques, telles que celle d’O3B (Other Three Billion) à 8 000 km, dans laquelle on retrouve Greg Wyler, mais aussi Google et dont les satellites ont été confiés à Thalès Alenia Space, le moins que l’on puisse dire est qu’il y a concentration des « pouvoirs ». Qui devrait aboutir à un véritable monopole de fait de quelques prestataires, le plus souvent américains.

Situation qui n’est jamais bonne si l’on veut démocratiser les offres de services et les proposer à des prix corrects.

Les trois années qui viennent seront décisives de ce point de vue.

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