After Hours

Reynold Johnson, le premier disque dur

Le 26-09-2025
Chapitre Personnages

Reynold Johnson, inventeur chez IBM, est le symbole d’une Compagnie qui a su tout au long de son histoire trouver des talents, à qui elle a laissé la "bride sur le cou" pour favoriser leur créativité. Pour ce qui est de Johnson, on lui doit le premier disque dur à accès aléatoire de l’histoire. Excusez du peu.

Né dans une famille d’immigrants suédois, rien ne prédisposait Reynald Johnson à devenir une icône des technologies de l’information. Professeur dans une « high school » du Michigan, il se destinait plutôt à l’enseignement, sauf qu’inventeur dans l’âme, il aurait sans doute trouvé d’autres sources d’inspiration que celles qui ont fait sa renommée chez IBM.

C’est ce talent étonnant que Thomas J. Watson d’IBM découvrira chez Reynold Johnson. Bonne « pioche » puisque cette initiative aboutira à l’invention du premier disque dur de l’histoire, l’IBM 350, en 1955. Sans compter des dizaines d’autres fulgurances qui ont marqué l’évolution du TI, Reynold Johnson étant à la tête de 81 brevets en 1971, lorsqu’il s’est retiré.

L’œil de Watson

Il y a vraiment des gens extraordinaires. Il y en a qui regardent la télévision pendant que d’autres créent, imaginent, inventent. Parfois même en dormant.
Reynold Johnson est de cette trempe et quand IBM l’a embauché en 1952, il avait déjà une cinquantaine de brevets à son actif, ce qui témoigne pour le moins d’un esprit créatif et libéré de toutes contraintes.

Parmi les inventions de Johnson figure en bonne place un système d’analyse automatique de cartes à cocher pour des usagers qui répondent à une enquête. Auparavant, il fallait transcrire le contenu de ces données sur cartes perforées, ce qui était long et susceptible d’erreurs. Avec son système, les données pointées au crayon étaient automatiquement transcrites sur cartes perforées.

C’est cette invention qui a attiré l’attention d’IBM, qui non seulement lui a racheté les droits de son procédé en 1937, mais en plus intégrera par la suite son concepteur dans ses équipes de recherche d’Endicott d’abord, dans l’Etat de New York, puis à San José en Californie ensuite, pour manager une équipe de chercheurs à qui était demandé de concevoir une machine capable d’enregistrer des données, puis de les retrouver de manière aléatoire dans un temps court. Loin en tout cas de ce que proposaient les meilleurs dérouleurs de bandes magnétiques.

C’est ainsi qu’est né l’IBM 350, à ne pas confondre avec le RAMAC, qui est un système complet de stockage, avec imprimante, disque 350, perforatrice de cartes IBM 323 et unité centrale IBM 305.

Les caractéristiques de ce disque peuvent prêter à sourire aujourd’hui, sa capacité utile étant de 3,75 Mo, à peine plus que les futurs disques souples, mais il fallait bien commencer par quelque chose, d’autant que le temps d’accès était brutalement tombé à 600 ms grâce à lui, ce qui a justifié la vente d’un millier d’exemplaires, à 50 000 $ l’unité.

A noter que Johnson ne s’est pas contenté d’intégrer des éléments existants. Il a vraiment tout inventé, les têtes qui se déplaçaient sur un coussin d’air, l’enrobage magnétique, etc.
Bon c’est vrai, l’IBM pesait plus d’une tonne et son encombrement était l’équivalent de 2 gros réfrigérateurs, mais il n’en reste pas moins l’une des inventions les plus marquantes de notre histoire.

Et c’est donc à un petit professeur, qu’on la doit, fou d’inventions, qu’IBM aura su détecter, comme il savait le faire du temps où on l’appelait encore "Number One".